Jean Ferrat, l'homme du quotidien et du rêve

Publié le par Camarade

ferratIl était du côté de ceux qui ont le coeur à gauche, côté coeur justement. Ceux qui défilaient de Charone à Nation. Ceux qui vendaient le journal, le dimanche matin, c'est-à-dire L'Humanité. Cette partie du peuple de France « qui ne possède en or que ses nuits blanches ».

 

Toute sa vie, Jean Ferrat est resté totalement lié à son public, à sa vie quotidienne : les HLM, le mariage à 20 ans, les enfants qui vous occupent les journées, le poulet aux hormones... C'était de l'écologie avant l'heure.

En 1975, il lance : « La femme est l'avenir de l'homme ». Il parle de contraception et d'interruption volontaire de grossesse, l'année où Simone Veil fait voter la loi autorisant l'IVG.

« Il est temps que le malheur succombe »

« Je ne chante pas pour passer le temps », a-t-il écrit et chanté. Il portait dans sa voix la grande geste du siècle : les marins russes révoltés du cuirassier Potemkine, la guerre d'Espagne, la déportation... Il s'était fait le magique interprète du poète Louis Aragon, lui offrant l'immense succès populaire de Que serais-je sans toi ?

Dans les années 1950, l'artiste porte-voix du parti communiste s'appelait Yves Montand. Après l'intervention soviétique à Budapest, en 1956, le chanteur s'éloigna du parti. Peu après, Jean Ferrat vint prendre sa place (sans jamais prendre la carte). Il apporta ses mots, ses exigences de qualité, son univers... Dans Ma môme, son premier succès, il se permet même ce petit coup de griffe. Lui, avec sa môme, il allait passer ses vacances chez une tante en Lorraine et pas à Saint-Paul-de-Vence... comme Montand et Signoret.

« Il est temps que le malheur succombe. » C'était une conviction profonde, sincère, chez Ferrat. Le malheur est toujours de ce monde. Il reste que, le soir, à la veillée, il suffit d'une guitare, de quelques accords, pour que l'espoir renaisse. Pour que s'accomplisse la prophétie qui dit que le poète a toujours raison.

 

Ouest France - Philippe Simon - 15/03/2010

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