"Peut-être qu'il chantait déjà la montagne..."

Publié le par Camarade

Georges Puig a usé ses fonds de culotte avec Jean Ferrat sur les bancs de l'école de Font-Romeu. A 80 ans, il se rappelle son copain d'enfance. Souvenirs... "On était voisin avec son frère Pierre qui travaillait à la pharmacie, là où il y a maintenant un marchand de fleurs, et nous étions à l'école communale ensemble avec Jean. C'était pendant l'Occupation. Jean Tenenbaum était juif et il était venu parce qu'il était à l'abri à Font-Romeu. Je me rappelle, il avait un an de moins que moi. On vivait tout simplement. On faisait comme si de rien n'était. On ne parlait pas de ce qui se passait. On était prudent. Puis, je ne voulais pas le gêner. Et, à cette époque il tripatouillait déjà la guitare. Une guitare sèche. On l'entendait au premier étage, au-dessus de la pharmacie, sur le balcon. Il faisait de la musique, sans parole. Mais, peut-être qu'il chantait déjà la montagne.. Je l'encourageais. On était copains, on allait à l'école ensemble, on jouait, on se chicanait un peu. Moi je faisais les 400 coups, lui dès que l'école était terminée, c'était sa guitare. Il était sérieux, pas très chahuteur. Un brave type, vraiment. Il a quitté Font-Romeu. C'est après qu'il est devenu Jean Ferrat. On s'est perdu de vue et quelques années plus tard (en 1973 NDLR), il est revenu me voir. J'avais un bar restaurant, il est venu prendre l'apéritif. En tête à tête. Camembert et quillon de rouge, c'était ça l'apéritif de Jean Ferrat. Pour lui, Font-Romeu, c'était un sacré souvenir, surtout à cause de cette époque. C'était sa planque, vous comprenez. Quand j'entend tout ce qui se dit, ça me fait sourire. Jean Tenenbaum, il vient d'ici, de chez nous. Et pour nous, il est de Font-Romeu. Avant d'aller ailleurs... "

 

Midi Libre - Edition de Perpignan - La.M. - 17/03/2010

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