Jean restera vivant, malgré cette «douleur du partir»

Publié le par Camarade

Notre douleur et notre chagrin sont à la mesure de l'admiration et du respect que nous portions à Jean Ferrat. Il était notre ami et nous ressentons le choc de cette "douleur du partir" tout en lui demandant : "Que serais-je sans toi?", lui qui a tant donné à la culture et à la chanson françaises. Il était très préoccupé par l'avenir de cette culture que le big business défigure trop souvent. 
On connaissait son exigence dans le travail des mots, des strophes et de la musique. De son exceptionnelle voix, Jean a chanté la France des combats et de l'émancipation humaine, celle de la liberté et de la justice, celle de la fraternité. Celle des militants dont des générations ont entonné ses chansons dans les défilés et les meetings. Jean Ferrat était tout entier humanité, porteur de bonté, de poésie, de tendresse.
Son œuvre respire la liberté. Elle se dresse contre les injustices, les guerres, toutes les humiliations et aliénations. Jean était un magnifique et efficace porteur des douleurs et des espoirs du peuple. Qu'il s'agisse de Ma môme, un appel à l'émancipation des travailleuses, ou J'entends, j'entends, un hymne au combat contre la pauvreté, ou encore la Montagne, véritable appel à préserver la planète et à vivre autrement.
Et il faudra sans cesse et toujours, en ces temps si troublés, écouter et faire écouter Nuit et Brouillard, qui porte avec force le rejet des haines et du nazisme, pour appeler à une véritable fraternité ceux qui  "s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel. Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou, d'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel, ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux ». Ces paroles ne devraient jamais quitter ni nos mémoires ni nos cœurs. La Jungle ou le zoo est un vibrant plaidoyer pour rechercher un chemin humaniste entre le soviétisme et le capitalisme. Il refusait les prêt-à-penser et tous les endoctrinements, allant jusqu'à interpeller ses amis politiques avec son Camarade ou le Bilan.
Jean a toujours été un authentique ami de l'Humanité et de sa Fête qu'il fréquentait assidûment, sa belle voix y a retenti, réchauffant tous les cœurs. Il y a quelques jours encore, à l'occasion de l'assemblée générale des Amis de l'Humanité, il avait tenu à nous encourager. Il avait demandé à Francesca Solleville de lire son message lors de la soirée de soutien à notre journal au Bataclan le 1er février dernier. Il avait magnifiquement intégré l'Humanité Dimanche dans le paysage national au cœur de sa bouleversante chanson Ma France, en citant « ce journal que l'on vend le matin d'un dimanche ». En 2004, il était heureux au cœur du public de la Fête avec une belle exposition qui lui était consacrée. Nous le ferons vivre à la prochaine Fête de l'Humanité en septembre prochain. 
Nous perdons un ami très cher, le mouvement progressiste un porte-voix, un créateur de grande qualité, un immense artiste populaire. La France perd l'un de ses grands poètes et chanteurs, interprète incomparable de Jacques Prévert ou de Louis Aragon.
L'œuvre de Jean Ferrât va continuer de vivre en nous avec sa voix si chaude. Notre tristesse est immense mais nous savons que Jean restera vivant.

L'Humanité - Patrick Le Hyaric - 15/03/2010

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